lundi 18 mai 2009

Le bore-out m’ennuie.

yawn

Après le burn-out voici maintenant le bore-out. Vous croyez que l’on vient de découvrir un nouveau concept dans le domaine de la gestion de ressources humaines? Désolé de vous décevoir mais le produit n’est pas nouveau c’est simplement l’emballage qui a changé.

C’est cet article sur cyberpresse qui a attiré mon attention sur le concept de bore-out. Voyons tout d’abord de quoi il en retourne.

Selon les auteurs du texte (Michèle Ragault, et Julie Ménard) se sont des consultants allemands qui furent les premiers à utiliser ce terme, il s’agit en fait d'ennui au travail. Ces travailleurs affectés par le bore-out vivraient une perte d'intérêt envers la tâche, due à l'incapacité d'utiliser leurs compétences et d'être reconnus pour leurs efforts.

Le bore-out est, toujours selon les auteurs, constitué de trois éléments: l'ennui, le manque de défi et le désintérêt.

En clair le bore-out c’est tout simplement de l’ennui et ça, avouons que ce n’est pas nouveau.

Il y a toutes sortes de raisons qui peuvent expliquer le fait qu’un travailleur s’ennuie et ce, même si les tâches qu’il exécutent sont enrichies et intéressantes. Des fois on a juste fait le tour du jardin, point barre.

L’article présente différentes solutions organisationnelles afin que les membres de votre équipe ne souffrent pas de bore-out. Vous connaissez la plupart de ces solutions qui ont, elles aussi, passablement de millage depuis que nous sommes sortis du taylorisme et que nous travaillons sur la mobilisation des ressources humaines. Pour les besoins de la cause mentionnons:

  • Flexibilité de la structure organisationnelle;
  • Déléguer davantage de responsabilités;
  • Augmenter les défis;
  • Améliorer la communication avec les employés;

Se sont toutes des pratiques RH primordiales, on est d’accord.

Par contre, ce qui finit par m’irriter avec certains psychologues industriels c’est le peu d’importance que l’on accorde à la responsabilité des employés face à leur carrière. À les écouter c’est toujours la faute des gestionnaires si l’employé sous-performe, n’est pas motivé, est malheureux, quitte l’entreprise etc.

On nous propose plusieurs solutions afin de mobiliser, augmenter la performance….

Les gestionnaires et les entreprises, ont, évidemment une large part de responsabilité par rapport à la performance des ressources humaines. Ce blogue est la preuve indéniable que je crois en l’amélioration des pratiques de gestion.

Mais je crois aussi que la vie est une pièce de monnaie grise. C’est-à-dire que l’analyse d’une situation se doit d’être nuancée et à ce chapitre je trouve que la responsabilisation de l’employé face à ses choix est aussi une variable très importante dans le fait de s’ennuyer ou non au travail.

Soyons tout de même honnête, les auteurs réfèrent à cet aspect de la question. À ce sujet ils mentionnent:

«L'employé doit prendre en main sa carrière et prendre conscience de sa situation et de ses besoins. Par contre, on peut comprendre qu'il lui soit difficile d'avouer à son patron qu'il s'ennuie au travail. L'employé s'expose au risque de ne pas être compris.»

C’est tout à fait vrai, pour la première phrase, puis on se retourne rapidement vers le gestionnaire. En passant, le simple fait de communiquer nous expose au risque de ne pas être compris…. Il aurait été intéressant après cette première phrase de développer davantage car pour éviter le bore-out il est nécessaire que se soit une responsabilité partagée entre l’organisation, le gestionnaire et l’employé.

À cet égard, les concepts de mobilisation, de flow et de gestion des talents sont extrêmement importants.

L’employé doit s’assurer de faire un choix de carrière en lien avec ses talents, ses compétences et surtout de choisir un employeur avec lequel il y aura un «fit» au niveau de la culture et de ses valeurs.

Sans ces éléments, vous aurez beau responsabiliser, motiver et communiquer vous ne réussirez pas à éviter le mur du bore-out et se sera l’échec du gestionnaire, de l’entreprise mais se sera aussi l’échec de l’employé.

Comme «lose/lose situation», difficile de faire pire.

8 commentaires:

Nicolas Racine a dit...

Pour moi, le Bore-Out est beaucoup une question de séquence. Je travaille sur des projets et ceux-ci ne peuvent pas toujours être stimulants. Il y a des périodes de forte productivité, où tout se déroule en quelques heures, et puis il y a des trous, souvent entre les livraisons.
Au début de ma carrière je trouvais cela très difficile, surtout les projets en fin de course. Les ressources de production quittent les unes après les autres et à la fin, il ne reste que ceux qui mettent la clé dans la porte.
J'ai appris à vivre avec. Je blogue, j'essaie de trouver de nouvelles façons de communiquer, qui me seront utiles pour mes prochains projets.
Si ça devient trop plate, je demande mon transfert !

Tu viendras jeter un coup d'oeil sur mon blogue secondaire, Gesty !

http://vigile.wordpress.com/

Unknown a dit...

Très intéressant comme complément d'information la notion de séquence. Surtout dans un domaine comme le tiens où la pression de l'échéancier amène de l'adrénaline. Souvent quand c'est le cas, le risque d'avoir un «downer» est plus probable.

J'ai vu que tu avais effectivement lancé un nouveau blogue sur le rôle de l'État, je ne manquerai pas d'y faire une visite régulière.

Au plaisir!

Anonyme a dit...

«L'employé doit prendre en main sa carrière et prendre conscience de sa situation et de ses besoins.»... c'est l'évidence même ! Désolée, c'est sans doute mon tempérament entrepreneurial qui prend le dessus, mais j'ai de la difficulté à comprendre que quelqu'un reste en poste dans un emploi qui l'ennui. Je suis contre les phrases toutes faites : « je n'ai pas le choix, je dois gagner ma vie!» On a toujours le choix et l'emploi «ennuyant» doit être vu comme un tremplin vers autre chose. Évidemment, l'employeur a quelque chose à voir là-dedans si ses employés s'ennuient : il a engagé des gens trop compétents ? Il n'utilise pas ses employés à leur plein potentiel ? Oui, ça arrive malheureusement et c'est probablement une des causes d'un haut roulement de personnel. C'est malheureux pour les entreprises au prise avec ce problème, mais la société est gagnante si l'individu au prise avec le bore-out prend la décision de faire des changements dans sa vie. C'est mon humble avis d'entrepreneur n'ayant pas encore d'employé à son compte. L'avenir dira si je suis capable de les intéresser pour les garder ;-)

Unknown a dit...

@cindyrivard: Tout à fait. Il y a malheureusement tout un tas de gens qui travaillent dans l'attente de leurs vacances. C'est dommage mais c'est ainsi. Pourquoi? En raison des limites que les gens se mettent eux-mêmes et ce, pour toutes sortes de bonnes et de mauvaises raisons.

Lorsque l'on est passionné par son travail, les vacances c'est le travail! ;)

Anonyme a dit...

Pour moi le travail est un moyen et non une fin. Il faut de tout pour faire un monde et il est de la responsabilite aussi de ceux qui prenne le pouvoir de veiller
à l'équilibre necessaire au bon fonctionnement des organisations.
La notion de "pas le choix" est quand même bien liée aux "moyens" (pas seulement financiers dont on dispose). Sachez que le monde profesionnel n'est pas composé que de "gens" forts, dynamiques et liberés d'obligations economiques sociales et familiales. Il y a des petits des gros, des myopes, des enrhumés chroniques !!!!! Bien le bonjour l'élite .

Unknown a dit...

@Anonyme:

Bonjour, Vous n'avez manifestement pas la même conception du monde du travail et de la vie que moi. Comme vous le dites vous-même: «Il faut de tout pour faire un monde».

De toute façon, j'ai toujours un peu de difficulté à accorder une grande crédibilité aux commentaires anonymes.

Pour ma part, je ne vois aucune incohérence entre l'épanouissement professionnel et les obligations économiques sociales et familiales d'un individu.

Au même titre que les individus qui se passionnent pour leur travail ne sont pas forcément forts et dynamiques....

Je peux comprendre que quelques fois il est réconfortant de penser que nous subissons simplement une situation mais c'est, pour ma part, une belle façon de se déresponsabiliser.

Les «moyens» tombent rarement du ciel, il importe de poser les gestes afin de les acquérir.

Certains épinglent une reproduction d'un chèque de loto sur le frigo, moi, je préfère épargner.

Simple question de paradigme.

Salutations,

Mathias a dit...

"L’employé doit s’assurer (...) surtout de choisir un employeur avec lequel il y aura un «fit» au niveau de la culture et de ses valeurs."

Certes, encore faut-il l'avoir, ce choix...

En douze ans de carrière, j'ai signé 8 CDI, ce qui en soi est déjà un exploit. Sur ces 8 contrats, 2 fois en effet j'ai démissioné car il n'y avait pas ce "fit", pour reprendre vos mots, avec les valeurs de mon eployeur.

Pour le reste, de la restructuration de multinationale aux licenciement économique en PME, en passant par l'association de village coulée par le maire pour raisons politiques, mes choix de carrière se sont faits dans la nécessité et l'urgence. Et je crains bien que cela concerne la quasi totalité des gens: on ne choisit que rarement son employeur pour l'estime qu'on lui porte ou les défis qu'il nous propose. Le plus souvent on le choisit pour le salaire qu'il nous verse et dont on a besoin, indépendamment de tout autre considération, pour vivre.

Inévitablement, si l'on travaille par nécessité et non pour le plaisir de s'affirmer et s'épanouir par son propre métier, l'ennui un jour ou l'autre prendra le dessus. Ceci est un problème sociétal: il ne s'agit pas simplement de bon ou mauvais patrons ou de salariés peu courageux qui préférent rester en poste malgré l'ennui.

Unknown a dit...

@Mathias,

Bonjour,

Je comprend à votre commentaire que vous êtes d'accord avec l'importance de rechercher un «fit» avec l'organisation mais, qu'il est parfois difficile de rencontrer cet objectif et ce, pour toutes sortes de raisons.

Vous semblez aussi, contrairement au commentaire anonyme précédent, avoir pris de courageuses décisions au cours de votre carrière démontrant votre détermination et l'importance que vous accordez à demeurer authentique et c'est tout à votre honneur.

En ce sens, nos positions ne sont pas éloignées.

Je ne sais pas si vous m'écrivez d'Europe mais si c'est le cas il faut comprendre que la situation que nous vivons en Amérique du Nord est différente. Il y a actuellement une pénurie de main-d'oeuvre et celle-ci devrait s'accentuer dramatiquement au cours des prochaines années.

Le rapport de force est nettement du coté des chercheurs d'emploi pour qui est compétent et qualifié.

C'est pourquoi, de mon point de vue, l'opportunité de choisir est bien réelle.

Bon succès dans votre carrière et au plaisir!