jeudi 29 octobre 2009

Le recrutement et la dérive des continents

recrutement

Quelques fois, les billets servent en quelque sorte d’exutoire pour le blogueur. J’ai donc le plaisir de vous annoncer que ce billet sera l’un de ceux-là. Rien de bien grave, simplement un petit coup de gueule à saveur thérapeutique. Vous savez, on a quelque chose sur le cœur, on en parle et hop, on passe à un autre appel.

Allons-y donc.

Je ne me considère pas comme un geek, mais j’aime tout de même être informé des dernières technologies disponibles et des tendances récentes. Ainsi, je possède un blogue, fait de la veille sur Internet et utilise activement les médias sociaux. De ce fait, je suis très favorable à l’utilisation de plus en plus marquée du web 2.0 dans le domaine du recrutement. À preuve, j’ai personnellement utilisé LinkedIn et Twitter pour faciliter mon recrutement.

Par contre, avec l’expérience, force est de constater que l’utilisation de la technologie afin d’effectuer de la recherche d’emploi n’a pas que des bons côtés. La technologie, aussi efficace soit-elle, possède ses effets pervers.

Dans le bon vieux temps, entre le moment où l’on apercevait une offre d’emploi et le moment où l’entreprise recevait notre offre de service il pouvait s’écouler des…….jours!

Maintenant, d’un simple clic, il est possible d’offrir ses services à plusieurs entreprises, sur plusieurs postes et de façon instantanée! Il est possible de poser sa candidature sur des dizaines de postes en une seule soirée…..ce qui amène des abus. C’est ce que j’appelle l’offre de service à la mitraillette.

Le principe derrière l’offre de service mitraillette c’est de poser sa candidature sur un nombre maximal d’offres d’emplois et ce, peu importe l’endroit, l’entreprise, le poste et les compétences requises. On tire à l’aveuglette et par la suite on attend. On attend quoi? On attend que le téléphone sonne. Lorsqu’il sonne, il s’agit simplement de poser des questions sur le poste et de décider, à ce moment, si c’est intéressant.

Un très beau concept n’est-ce pas?

Voyons ce que ça donne du point de vue du recruteur maintenant.

Et bien ça donne des offres d’emplois où les lettres de présentation nous informent que le rêve du candidat est de travailler pour……notre concurrent! En effet, le mitrailleur n’a pas le temps de modifier la lettre de présentation, c’est bien trop long, voyons!

Ça donne aussi beaucoup, mais beaucoup de désistements en cours de route. À tel point que, maintenant, je procède comme les compagnies aériennes, je fais de «l’over booking». Vous savez, cette technique qui consiste à vendre plus de billets qu’il n’y a de siège dans l’avion. Pour ma part, si je vise à avoir cinq candidats en entrevue je dois en convoquer à peu près dix afin de compenser pour les désistements.

Et encore, si ces désistements étaient causés par des délais trop longs ou encore parce que le candidat a reçu d’autres offres je n’en parlerais même pas. Mais vous savez quelle est la principale raison invoquée?

Et bien, c’est que le lieu de travail est trop éloigné du domicile.

Je suis vraiment malchanceux, je travaille dans un endroit dont la longitude et la latitude sont variables, de sorte qu’entre le moment où la personne envoie son offre de service et le moment où elle est convoquée à une entrevue l’endroit n’est plus le même, il s’est éloigné!

Blague à part, quelle est cette idée de s’intéresser au lieu de travail à ce stade du processus??

En fait, je ne comprends pas cette pratique. Elle fait assurément perdre du temps à l’entreprise, mais tout autant au chercheur d’emploi. Si vous êtes sûr de ne pas vouloir travailler sur l’île de Montréal par exemple, pourquoi perdre votre temps à appliquer sur des emplois à Montréal?

Et ce, c’est sans compter que vous entachez votre réputation comme professionnel. Ne vous illusionnez pas, les recruteurs remarquent ces comportements.

La technologie permet d’accélérer et de faciliter grandement le processus de recherche d’emploi, mais le professionnalisme a toujours sa place.

Comme bien d’autre chose, le problème ne provient pas des technologies, mais bien de l’utilisation que l’on en fait.

Merci de m’avoir lu, juste de vous en avoir parlé, je me sens déjà beaucoup mieux! ;)

Source de l'image: rMen

11 commentaires:

Anonyme a dit...

Ah la génération Y, elle est tellement fascinante. Pour ma part tant que je pourrai éviter de travailler avec elle je m'y efforcerai.

Unknown a dit...

Bonjour,

Bien que l'on puisse penser que je faisais référence à la génération Y dans ce billet, je tiens à préciser que je n'ai observé aucune corrélation entre la technique de la mitraillette et l'âge.

Anonyme a dit...

Dans mon métier je n'ai pas encore reçu en entrevues beaucoup de boomers qui étaient passés par des sites de socialisation pour chercher un nouvel emploi! C'est une tendance très générationnelle. Et de mon côté, j'ai observé une corrélation très nette entre des candidats issus de la génération Y et les comportements que vous décrivez dans votre billet. Tellement que nous avons même dû ajuster nos questionnaires de recrutement pour pré-sélectionner plus sévèrement les candidats. Et nous aussi nous surchargeons nos rendez-vous d'évaluation pour nous assurer d'en voir au moins quelques uns. L'entreprise s'adapte comme elle le peut...

M.Glenn a dit...

Sans avoir vécu ce type d'avalanche de CV en provenance d'Internet (filtrés par les RH avant de m'arriver?), je peux dire que je consulte les sites Web 2.0 des quelques candidats qui se rendent jusqu'à moi : combien ont-ils d'amis facebook? Quelles informations rendent-ils publiques? À quels groupes appartiennent-t-ils? Comment communiquent-ils? Pour moi, ces informations sont complémentaires au CV et influencent certainement la décision d'aller plus loin...

Unknown a dit...

@Anonyme:

Les X et les boomers utilisent de plus en plus les médias sociaux bien que ce soit les C et le Y qui en sont les principaux utilisateurs.

Par contre, lorsque l'on parle de recrutement, les médias sociaux sont encore assez peu utilisés toute proportion gardée. Des sites comme Jobboom et Monster sont beaucoup plus populaires et les boomers ont très bien maitrisé cette façon de poser leur candidature et de gérer leur profil.

J'avoue ne pas savoir si les comportements que je souligne dans le billet sont le fruit des Y, simplement de l'âge, de la technologie, de modifications sociales, d'un contexte de marché ou une conjonction de un ou plusieurs de ces éléments.

N'ayant aucune donnée scientifique je suis à l'écoute de vos observations bien que je n'ait pas le même vécu.

Le débat est lancé.


Je suis tout de même heureux de constater que je ne suis pas le seul à faire de l'«over booking».

Salutations,

@Waffleiron:

Hello cher ami!

Tu amènes un élément très intéressant. En effet, de plus en plus de recruteur "google" le nom des candidats afin d'en apprendre plus sur eux et la façon dont ils utilisent les médias sociaux est certainement un indicateur fort révélateur.

Ce constat rend d'autant plus importante la gestion de notre identité numérique, concept encore sous-estimé mais qui prendra énormément d'ampleur dans le futur.

Au plaisir.

Unknown a dit...

Votre article est très intéressant ! Issu de la jeune génération, je peux vous confier que plusieurs de mes collègues étudiants pratiquent abondamment la technique de la mitraille. Notre génération vit en temps réel, et agit aussi souvent à la dernière minute. Quand vient le temps de se trouver un emploi : vite, ça presse!

Par exemple, en mai dernier, un de mes amis a décidé de se trouver un emploi en mai. En 24 heures, il s'est inscrit sur Job Boom et autres sites et a envoyé tout près de 50 CVS, qui étaient identiques, avec la même lettre de présentation générique, sans vraiment se soucier s'il voulait travailler pour l'entreprise. Dénicher une entrevue était tout ce qui l'intéressait : il ferait le tri plus tard.

Somme, il reste que trouver un emploi est un processus long et exigeant. Faut-il aussi rajouter que le délai de réponse des futurs employeurs est souvent long et cela encourage, selon moi, la pratique de la technique de la mitraille. Les gens veulent un emploi... le plus rapidement possible !

Jackss a dit...

Les temps ont bien changé

Du côté du recruteur, il faut en effet beaucoup de temps et d'habileté.

Mais les techniques s'adressant aux candidats pouvaient aussi être raffinées dans le passé. Je me souviens avoir suivi, comme gestionnaire, une session de formation sur le recrutement. On nous avait incité à s'inscrire régulièrement sur des postes même s'ils ne nous intéressaient pas. Le tout visait à développer les bons réflexes en entrevue, s'habituer aux questions qui reviennent régulièrement et mieux s'y préparer.

Unknown a dit...

@Sebastien:

Bonjour et bienvenue sur ce blogue.

Vous confirmez donc que la technique de la mitraillette correspond bien aux habitudes de la génération Y. Dommage que l'emploi soit considéré tel un produit de consommation. Il s'agit tout de même de notre principale occupation! Par contre, votre exemple réfère à un emploi étudiant, qui n'est pas, en fait, une occupation principale. J'espère que l'approche sera différente lors de la première demande d'emploi à la fin des études.

La deuxième partie de votre réponse touche un point important soit les délais afin de finaliser les processus de sélection.

Les entreprises doivent effectivement s'améliorer sur ce point. Un petit kaizen?

Merci pour votre commentaire.

@Jackss:

Ishhhhhhh....je ne suis vraiment pas d'accord avec l'approche proposée par ce formateur.

L'idée de se préparer à faire une ou des entrevues est tout à fait correct, voir même, souhaitable. Par contre, il existe des séminaires, formations, aide, mentorat, etc. pour ça.

Voyez-vous le temps perdu par les organisations à évaluer des gens voulant simplement prendre de l'expérience...??!!

Merci d'être passé!!

Salutations à ta gang.

Cybele Rioux a dit...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Cybele Rioux a dit...

Très intéressant et point de vue partagé !

Sans vouloir défendre tous les candidats égarés, je pense aussi aux recruteurs qui fixent unilatéralement l'heure et la date de rencontre, qui font attendre le candidat 2 heures avant l'entrevue, le gardent pour une demi-journée de tests ou attendent de se faire appeler pour donner la réponse finale...

Est-ce un "juste retour du balancier" ?

Les abus passés de quelques uns ne justifient pas cette forme de paresse.

Nombreux organismes d'aide ont encouragé les chercheurs à ce mitraillage, trop facilité aujourd'hui par les outils TI.

Une solution ? Pas de miracle, mais j'ai abaissé mon nombre de candidats absents en poussant plus mon entrevue téléphonique.

En tous cas j'ai bien aimé votre "montée d'lait", ça défoule de ces égarés qui se rendent compte une fois l'entrevue TERMINÉE que "c'est plus loin que j'pensais" ou "ce n'est pas sur ce poste que j'ai appliqué" !

Je me console un peu en me disant : une chance qu'il a fait ça avant l'embauche, imaginez si je l'avais engagé !

Unknown a dit...

@Cybele Rioux:

Bonjour!

Concernant les abus de certains recruteurs vous avez tout à fait raison et j'aime votre conclusion soit:

«Les abus passés de quelques uns ne justifient pas cette forme de paresse.»

Une marché qui n'est pas en équilibre amène effectivement des abus. Que ces abus proviennent des recruteurs ou des chercheurs d'emplois ils ne sont pas plus souhaitables.

Merci d'avoir évoqué l'entrevue téléphonique qui est effectivement une excellente pratique.

Salutations,